PAROISSE DE LISIEUX

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Chemin de Croix avec méditations et prières du Cardinal Ratzinger 2005

PREMIÈRE STATION
Jésus est condamné à mort

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 22-23.26

Pilate reprit : «Que ferais-je donc de Jésus, celui qu’on appelle le Messie?»
Ils répondirent tous : «Qu’on le crucifie!»
Il poursuivit : «Quel mal a-t-il donc fait?» Ils criaient encore plus fort : «Qu’on le crucifie!».
Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu’il soit crucifié.

MÉDITATION

Le Juge du monde, qui reviendra un jour pour nous juger, est là, anéanti, déshonoré et sans défense face au juge de la terre. Pilate n’est pas totalement mauvais. Il sait que ce condamné est innocent; il cherche le moyen de le libérer. Mais Pilate est indécis. Et en définitive, sur le droit, il fait prévaloir sa position, il se fait prévaloir lui-même. Et les hommes qui vocifèrent et demandent la mort de Jésus ne sont pas non plus totalement mauvais. Beaucoup parmi eux, le jour de la Pentecôte, seront «remués jusqu’au fond d’eux-mêmes» (Ac 2, 37), quand Pierre leur dira : «Jésus de Nazareth – cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission – … vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens…» (Ac 2, 22s). Mais en cet instant, ils subissent l’influence de la foule. Ils vocifèrent parce que les autres vocifèrent, et ils vocifèrent comme les autres. Et ainsi, la justice est piétinée par lâcheté, par faiblesse, par peur du diktat de la mentalité dominante. La voix ténue de la conscience est étouffée par les vociférations de la foule. L’indécision, le respect humain confèrent leur force au mal.

PRIÈRE

Seigneur, tu as été condamné à mort car la peur du regard des autres a étouffé la voix de la conscience. Tout au long de l’histoire, il en a toujours été ainsi, des innocents ont été maltraités, condamnés et tués. Combien de fois n’avons-nous pas, nous aussi, préféré le succès à la vérité, notre réputation à la justice ! Donne force, dans notre vie, à la voix ténue de la conscience, à ta voix. Regarde-moi comme tu as regardé Pierre après le reniement. Fais en sorte que ton regard pénètre nos âmes et indique à notre vie la direction. A ceux qui ont vociféré contre toi le Vendredi saint, tu as donné l’émotion du coeur et la conversion au jour de la Pentecôte. Et ainsi, tu nous as donné à tous l’espérance. Donne-nous aussi, toujours de nouveau, la grâce de la conversion.

DEUXIÈME STATION
Jésus est chargé de la Croix

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 27-31

Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient en lui disant : «Salut, roi des Juifs!». Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.

MÉDITATION

Jésus, condamné comme prétendu roi, tu es raillé, mais dans la dérision apparaît cruellement la vérité. Combien de fois les insignes du pouvoir portés par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme! Combien de fois leurs cérémonies et leurs grands discours ne sont en vérité rien d’autre que de pompeux mensonges, une caricature de la tâche qui est la leur: se mettre au service du bien ! Jésus, celui dont on se moque et qui porte la couronne de la souffrance, est pour cela précisément le vrai roi. Son sceptre est justice (cf. Ps 45, 7). Le prix de la justice est souffrance en ce monde : lui, le vrai roi, ne règne pas par la violence, mais par l’amour dont il souffre pour nous et avec nous. Il porte la croix sur lui, notre croix, le poids de l’homme, le poids du monde. C’est ainsi qu’il nous précède et qu’il nous montre comment trouver le chemin de la vraie vie.

PRIÈRE

Seigneur, tu t’es laissé tourner en dérision et outrager. Aide-nous à ne pas nous joindre à ceux qui se moquent de celui qui souffre et de celui qui est faible. Aide-nous à reconnaître ton visage en ceux qui sont humiliés et mis à l’écart. Aide-nous à ne pas nous décourager devant les moqueries du monde, quand l’obéissance à ta volonté est tournée en dérision. Tu as porté la croix et tu nous as invités à te suivre sur ce chemin (cf. Mt 10, 38). Aide-nous à accepter la croix, à ne pas la fuir, à ne pas nous lamenter et à ne pas laisser nos coeurs être abattus devant les peines de la vie. Aide-nous à parcourir le chemin de l’amour et, obéissant à ses exigences, à atteindre la vraie joie.

TROISIÈME STATION
Jésus tombe pour la première fois

Du livre du prophète Isaïe 53, 4-6

Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.

MÉDITATION

L’homme est tombé et tombe toujours de nouveau : combien de fois n’est-il que la caricature de lui-même, et non plus l’image de Dieu, tournant ainsi en dérision le Créateur? N’est-il pas l’image de l’homme par excellence celui qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par les brigands qui le dépouillèrent et le laissèrent à moitié mort, ensanglanté au bord du chemin ! La chute de Jésus sous la croix n’est pas seulement la chute de l’homme Jésus déjà épuisé par la flagellation. Ici apparaît quelque chose de plus profond, comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens : «Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes … il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix» (Ph 2, 6-8). Dans la chute de Jésus sous le poids de la croix, apparaît tout son parcours : son abaissement volontaire pour ôter notre orgueil. Et en même temps apparaît la nature de notre orgueil: l’arrogance avec laquelle nous voulons nous émanciper de Dieu et n’être rien d’autre que nous-mêmes, l’arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l’amour éternel, mais avec laquelle nous voulons maîtriser notre vie tout seuls. Dans cette rébellion contre la vérité, dans cette tentative d’être nous-mêmes des dieux, d’être créateurs et juges de nous-mêmes, nous tombons et nous finissons par nous détruire nous-mêmes. L’abaissement de Jésus est le dépassement de notre orgueil: par son abaissement, il nous relève. Laissons-le nous relever. Dépouillons-nous de notre autosuffisance, de notre envie erronée d’autonomie et, au contraire, apprenons de lui, de lui qui s’est abaissé, à trouver notre véritable grandeur, en nous abaissant et en nous tournant vers Dieu et vers nos frères humiliés.

PRIÈRE

Seigneur Jésus, le poids de la croix t’a fait tomber à terre. Le poids de notre péché, le poids de notre orgueil t’a terrassé. Mais ta chute n’est pas le signe d’un destin hostile, elle n’est pas la pure et simple faiblesse de celui qui est outragé. Tu as voulu venir à nous, nous qui, en raison de notre orgueil, gisons à terre. L’orgueil qui nous fait penser que nous avons la capacité de produire l’homme a contribué à ce que les hommes soient devenus une sorte de marchandise, pouvant s’acheter et se vendre, tel un réservoir de matériaux pour nos expérimentations, grâce auxquelles nous espérons vaincre la mort par nous-mêmes, alors qu’en vérité, nous ne faisons rien d’autre qu’humilier toujours plus profondément la dignité de l’homme. Seigneur, aide-nous parce que nous sommes tombés. Aide-nous à abandonner notre orgueil destructeur, en apprenant, par ton humilité, à nous relever de nouveau.

QUATRIÈME STATION
Jésus rencontre sa Mère

De l’Évangile selon saint Luc. 2, 34-35.51

Syméon les bénit, puis il dit à Marie, sa mère: «Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. – Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. – Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre.
Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements».

MÉDITATION

Sur le chemin de croix de Jésus, se trouve aussi Marie, sa Mère. Durant la vie publique de son fils, elle avait dû se tenir à l’écart, pour faire place à la nouvelle famille de Jésus, à la famille naissante de ses disciples. Elle avait également dû entendre ses paroles: «Qui est ma mère et qui sont mes frères? … Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère.» (Mt 12, 48-50). On voit à présent qu’elle est la Mère de Jésus, non seulement dans son corps, mais dans son coeur. Avant même de l’avoir conçu dans son corps, elle l’avait conçu dans son coeur, grâce à son obéissance. Il lui avait été dit: «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils… Il sera grand…; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père» (Lc 1, 31s). Pourtant, peu après, elle avait entendu de la bouche du vieux Syméon d’autres mots: «Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée» (Lc 2, 35). Elle se sera ainsi rappelée les paroles des prophètes, des paroles semblables à celles-ci: « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche: comme un agneau conduit à l’abattoir» (Is 53, 7). A présent tout devenait réalité. Dans son coeur, elle avait toujours conservé la parole que l’ange lui avait dite quand tout avait commencé: «Sois sans crainte, Marie» (Lc 1, 30). Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle reste là, avec son courage de mère, avec sa fidélité de mère, avec sa bonté de mère et avec sa foi, qui résiste dans l’obscurité: «Heureuse celle qui a cru» (Lc 1, 45). «Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?» (Lc 18, 8). Oui, à ce moment-là, Il le sait: il trouvera la foi. En cette heure-là, c’est sa grande consolation.

PRIÈRE

Sainte Marie, Mère du Seigneur, tu es restée fidèle quand les disciples se sont enfuis. De même que tu as cru quand l’ange t’a annoncé l’incroyable – que tu allais devenir la mère du Très-Haut –, de même, tu as cru à l’heure de sa plus grande humiliation. Ainsi, à l’heure de la croix, à l’heure de la nuit la plus sombre du monde, tu es devenue Mère des croyants, Mère de l’Église. Nous te prions: apprends-nous à croire et aide-nous afin que notre foi devienne courage de servir et geste d’un amour qui vient en aide et qui sait partager la souffrance.

CINQUIÈME STATION
Jésus est aidé par le Cyrénéen à porter sa croix

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 32; 16, 24

En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix.
Alors Jésus dit
 à ses disciples: «Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive».

MÉDITATION

Simon de Cyrène rentre du travail, il est sur le chemin du retour chez lui, quand il croise ce triste cortège de condamnés –, spectacle sans doute habituel pour lui. Les soldats usent de leur droit de coercition et mettent la croix sur lui, robuste homme de la campagne. Quelle gêne a-t-il dû éprouver en se trouvant soudain mêlé au destin de ces condamnés! Il fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance. Toutefois, l’évangéliste Marc nomme également ses fils qui étaient connus pour être chrétiens et membres de la communauté (Mc 15, 21). De cette rencontre involontaire est née la foi. En accompagnant Jésus et en partageant le poids de sa croix, le Cyrénéen a compris que marcher avec ce Crucifié et l’assister était une grâce. Le mystère de Jésus souffrant et muet a touché son coeur. Jésus, dont seul l’amour divin pouvait et peut racheter l’humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances (Col 1, 24). Chaque fois qu’avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.

PRIÈRE

Seigneur, tu as ouvert les yeux et le coeur de Simon de Cyrène, lui donnant, par le partage de ta croix, la grâce de la foi. Aide-nous à venir en aide à notre prochain qui souffre, même si cet appel est contraire à nos projets et à nos penchants. Donne-nous de reconnaître que partager la croix des autres, et faire l’expérience qu’ainsi nous marchons avec toi, est une grâce. Donne-nous de reconnaître avec joie que c’est précisément en partageant ta souffrance et les souffrances de ce monde que nous devenons serviteurs du salut, et qu’ainsi nous pouvons contribuer à construire ton corps, l’Église.

SIXIÈME STATION
Véronique essuie le visage de Jésus

Du livre du prophète Isaïe 53, 2-3

Il n’était ni beau ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire. Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable aux lépreux dont on se détourne; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.

Du livre des Psaumes 26 [27], 8-9

Mon coeur m’a redit ta parole: «Cherchez ma face». C’est ta face, Seigneur, que je cherche: ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère, tu restes mon secours. Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu, mon salut!

MÉDITATION

«C’est ta face, Seigneur, que je cherche: ne me cache pas ta face» (Ps 26 [27], 8-9).Véronique – Bérénice, selon la tradition grecque – incarne cette aspiration qui est commune à tous les hommes pieux de l’Ancien Testament, cette aspiration de tous les croyants à voir le visage de Dieu. Sur le chemin de croix de Jésus, au début, elle ne rend d’abord qu’un service de bonté féminine: elle offre un linge à Jésus. Elle ne se laisse ni gagner par la brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est l’image de la femme éprise de bonté qui, dans le désarroi et l’obscurité des coeurs, garde le courage de la bonté, et ne permet pas que son coeur s’obscurcisse. «Heureux les coeurs purs – avait dit le Seigneur dans le Discours sur la montagne –, ils verront Dieu!» (Mt 5,8). Au début, Véronique voit seulement un visage maltraité et marqué par la souffrance. Mais l’acte d’amour imprime dans son coeur la véritable image de Jésus: sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le visage de Dieu et de sa bonté, qui nous accompagne aussi dans la souffrance la plus profonde. C’est seulement avec le coeur que nous pouvons voir Jésus. Seul l’amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l’amour nous fait reconnaître Dieu, qui est l’amour même.

PRIÈRE

Seigneur, donne-nous l’inquiétude du coeur qui cherche ton visage. Protège-nous de l’obscurcissement du coeur qui ne voit que l’apparence des choses. Donne-nous la sincérité et la pureté qui nous rendent capables de voir ta présence dans le monde. Quand nous n’avons pas la capacité de faire de grandes choses, donne-nous le courage d’une humble bonté. Imprime ton visage dans nos coeurs, afin que nous puissions te rencontrer et montrer au monde ton image.

SEPTIÈME STATION
Jésus tombe pour la deuxième fois

Du livre des Lamentations 3, 1-2.9.16

Je suis l’homme qui a connu la misère, sous la verge de sa fureurC’est moi qu’il a conduit et fait marcher dans les ténèbres et sans lumière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille, obstrué mes sentiers.
Il a brisé mes dents avec du gravier, il m’a nourri de cendre.

MÉDITATION

La tradition de la triple chute de Jésus et du poids de la croix rappelle la chute d’Adam – le fait que nous soyons des êtres humains déchus – et le mystère de la participation de Jésus à notre chute. Au cours de l’histoire, la chute de l’homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa première Lettre, saint Jean parle d’une triple chute de l’homme: les désirs de la chair, les désirs des yeux et l’orgueil de la richesse. C’est ainsi que, sur l’arrière-fond des vices de son temps, avec tous ses excès et toutes ses perversions, il interprète la chute de l’homme et de l’humanité. Cependant nous pouvons penser aussi, dans l’histoire plus récente, que les chrétiens, en se détournant de la foi, ont abandonné le Seigneur: les grandes idéologies, comme la banalisation de l’homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller, ont construit un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l’homme. L’homme gît ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il tombe et il tombe, pour pouvoir venir jusqu’à nous; il nous regarde afin que notre coeur se réveille; il tombe pour nous relever.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ, tu as porté notre poids et tu continues à nous porter. C’est notre poids qui te fait tomber. Mais que ce soit toi qui nous relèves, car seuls nous n’arrivons pas à nous lever de la cendre ! Libère-nous de la puissance de la concupiscence. A la place d’un coeur de pierre, donne-nous à nouveau un coeur de chair, un coeur capable de voir. Détruis le pouvoir des idéologies, afin que les hommes reconnaissent qu’elles sont tissées de mensonges. Ne permets pas que le mur du matérialisme devienne insurmontable. Fais-nous percevoir à nouveau ta présence. Rends-nous sobres et attentifs pour pouvoir résister aux forces du mal et aide-nous à reconnaître les besoins intérieurs et extérieurs des autres, à les soutenir. Relève-nous, afin que nous puissions relever les autres. Donne-nous l’espérance au milieu de toute obscurité, afin que nous puissions devenir porteurs d’espérance pour le monde.

HUITIÈME STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent sur lui

De l’Évangile selon saint Luc 23,28-31

Il se retourna et leur dit : «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?»

MÉDITATION

Écouter Jésus alors qu’il fait des reproches aux femmes de Jérusalem qui le suivent et qui pleurent sur lui nous fait réfléchir. Comment le comprendre ? Ne s’agit-il pas de reproches adressés à une piété purement sentimentale, qui ne devient pas conversion et foi vécue ? Il ne sert à rien de pleurer sur les souffrances de ce monde, avec des paroles et par des sentiments, alors que notre vie continue toujours égale à elle-même. C’est pourquoi le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive, de l’image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l’aspect doux et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l’aspect du jugement? Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit être expié jusqu’à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre. A nous aussi, le Seigneur déclare: Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes … car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?

PRIÈRE

Aux femmes qui pleurent, tu as parlé, Seigneur, de la pénitence, du jour du Jugement, lorsque nous nous trouverons en présence de ta face, la face du Juge du monde. Tu nous appelles à sortir de la banalisation du mal dans laquelle nous nous complaisons, de manière à pouvoir continuer notre vie tranquille. Tu nous montres la gravité de notre responsabilité, le danger d’être trouvés coupables et stériles au jour du Jugement. Aide-nous à ne pas nous contenter de marcher à côté de toi, ou d’offrir seulement des paroles de compassion. Convertis-nous et donne-nous une vie nouvelle; ne permets pas que, en définitive, nous restions là comme un arbre sec, mais fais que nous devenions des sarments vivants en toi, la vraie vigne, et que nous portions du fruit pour la vie éternelle (cf. Jn 15, 1-10).

NEUVIÈME STATION
Jésus tombe pour la troisième fois

Du livre des Lamentations. 3,27-32

Il est bon pour l’homme de porter le joug dès sa jeunesse, que solitaire et silencieux, il s’asseye quand le Seigneur l’impose sur lui, qu’il mette sa bouche dans la poussière : peut-être y a-t-il de l’espoir ! Qu’il tende la joue à qui le frappe, qu’il se rassasie d’opprobres ! Car le Seigneur ne rejette pas les humains pour toujours : s’il a affligé, il prend pitié selon sa grande bonté.

MÉDITATION

Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? Peut-être nous fait-elle penser plus généralement à la chute de l’homme, au fait que beaucoup s’éloignent du Christ, dans une dérive vers un sécularisme sans Dieu. Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel coeur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le coeur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25).

PRIÈRE

Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute ; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais toi, tu te relèveras. Tu t’es relevé, tu es ressuscité et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous.

DIXIÈME STATION
Jésus est dépouillé de ses vêtements

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,33.36

Arrivés à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder.

MÉDITATION

Jésus est dépouillé de ses vêtements. Le vêtement donne à l’homme sa position sociale ; il lui donne sa place dans la société, il le fait être quelqu’un. Être dépouillé en public signifie, pour Jésus, n’être plus personne, n’être rien d’autre qu’un exclu, méprisé de tous. Le moment du dépouillement nous rappelle aussi l’exclusion du paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l’homme qui maintenant se trouve là, nu et exposé, dénudé et honteux. De cette manière, Jésus assume encore une fois la situation de l’homme pécheur. Ce Jésus dépouillé nous rappelle le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vêtement», c’est-à-dire la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se partager ses pauvres biens, ses vêtements. Les évangélistes en font le récit avec des paroles du Psaume 22, verset 19 et ils nous disent ainsi ce que Jésus dira aux disciples d’Emmaüs : tout est arrivé «selon les Écritures». Ici, rien n’est pure coïncidence, tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son dessein divin. Le Seigneur fait l’expérience de toutes les stations et de tous les degrés de la perdition humaine, et chacun de ces degrés est, avec toute son amertume, une étape de la Rédemption : c’est ainsi qu’il ramène au bercail la brebis perdue. Rappelons-nous aussi que Jean déclare que l’objet du tirage au sort était la tunique de Jésus «tissée tout d’une pièce, de haut en bas» (19, 23). Nous pouvons y voir une allusion au vêtement du grand prêtre, qui était «tissé d’une seule pièce», sans couture (Flavius Josèphe, Les Antiquités juives, III, 161). Lui, le Crucifié, il est en effet le véritable grand prêtre.

PRIÈRE

Seigneur Jésus, tu as été dépouillé de tes vêtements, exposé au déshonneur, exclu de la société. Tu t’es chargé du déshonneur d’Adam, et tu l’as guéri. Tu t’es chargé des souffrances et des besoins des pauvres, ceux qui sont exclus du monde. Mais c’est ainsi que s’accomplit la parole des prophètes. C’est ainsi que tu donne sens à ce qui semble privé de sens. C’est ainsi que tu nous fais reconnaître que ton Père te tient dans ses mains, comme nous-mêmes et le monde. Donne-nous un profond respect de l’homme à tous les stades de son existence et dans toutes les situations où nous le rencontrons. Donne-nous le vêtement de lumière de ta grâce.

ONZIÈME STATION
Jésus est cloué sur la Croix

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,37-42

Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.» En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : «Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix !»
De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : «Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C’est le roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui !»

MÉDITATION

Jésus est cloué sur la croix. Le linceul de Turin nous permet de nous faire une idée de l’incroyable cruauté de ce procédé. Jésus ne boit pas le breuvage anesthésiant qu’on lui offre : consciemment, il prend sur lui toute la souffrance de la crucifixion. Tout son corps est tourmenté; ainsi les paroles du Psaume se vérifient : «Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple» (Ps 21 [22], 7). «Il était méprisé … semblable au lépreux dont on se détourne … Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé» (Is 53, 3 s). Arrêtons-nous devant cette image de douleur, devant le Fils de Dieu souffrant. Regardons vers lui dans les moments où nous sommes présomptueux et portés à la jouissance, pour apprendre à respecter les limites et à voir la superficialité de tous les biens purement matériels. Regardons vers lui dans les moments de calamité et d’angoisse, pour reconnaître que c’est alors que nous sommes proches de Dieu. Cherchons à reconnaître son visage dans ceux que nous avons tendance à mépriser. Devant le Seigneur condamné, qui ne veut pas se servir de son pouvoir pour descendre de la croix, mais qui supporte plutôt la souffrance de la croix jusqu’au bout, peut affleurer encore une autre pensée. Ignace d’Antioche, lui-même enchaîné à cause de sa foi dans le Seigneur, fait l’éloge des chrétiens de Smyrne pour leur foi inébranlable: ils étaient comme cloués par la chair et le sang à la croix du Seigneur Jésus Christ (1, 1). Laissons-nous clouer à lui, en ne cédant à aucune tentation de nous éloigner et de nous laisser aller aux railleries qui voudraient nous inciter à le faire.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ, tu t’es fait clouer sur la croix, acceptant la terrible cruauté de cette souffrance, la destruction de ton corps et de ta dignité. Tu t’es fait clouer, tu as souffert sans fuir et sans accepter de compromis. Aide-nous à ne pas fuir devant ce que nous sommes appelés à accomplir. Aide-nous à nous laisser lier étroitement à toi. Aide-nous à démasquer la fausse liberté qui veut nous éloigner de toi. Aide-nous à accepter ta liberté liée et à trouver, dans ce lien étroit avec toi, la vraie liberté.

DOUZIÈME STATION
Jésus meurt sur la Croix 

De l’Évangile selon saint Jean 19, 19-20

Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette inscription: «Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.» Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, qui était libellé en hébreu, en latin et en grec.

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 45-50.54

A partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois heures. Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte: «Eli, Eli, lama sabactani?», ce qui veut dire: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant: «Le voilà qui appelle le prophète Élie!» Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres lui dirent: «Attends! nous verrons bien si Élie va venir le sauver.» Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
A la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisi d’une grande frayeur et dirent: «Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu!»

MÉDITATION

Sur la croix de Jésus, dans les deux langues du monde de cette époque, le grec et le latin, et dans la langue du peuple élu, l’hébreu, une inscription exprimant qui il est: le Roi des Juifs, le Fils promis à David. Pilate, juge injuste, est devenu prophète malgré lui. Devant l’opinion publique mondiale, la royauté de Jésus est proclamée. Jésus lui-même n’avait pas accepté le titre de Messie, car il pouvait évoquer une idée erronée et purement humaine du pouvoir et du salut. Maintenant, le titre peut être écrit là, publiquement au-dessus du Crucifié. C’est ainsi qu’il est vraiment le roi du monde. Il est maintenant vraiment «élevé». Dans sa descente, il est monté. Voici qu’il a radicalement accompli le commandement de l’amour, il a accompli l’offrande de lui-même, et c’est ainsi qu’il est la manifestation du Dieu véritable, de ce Dieu qui est l’amour. Désormais, nous savons qui est Dieu. Désormais, nous savons en quoi consiste la royauté véritable. Jésus prie avec les paroles du Psaume 21, qui commence ainsi: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (21[22], 2). Il prend sur lui toute la souffrance d’Israël, la souffrance de l’humanité tout entière, le drame de l’obscurité de Dieu, et il permet aussi à Dieu de se manifester là où il semblerait être définitivement mis en échec et absent. La croix de Jésus est un événement cosmique. Le monde s’obscurcit, quand le Fils de Dieu subit la mort. La terre tremble. Et auprès de la croix commence l’Église des païens. Le Centurion romain reconnaît, il comprend que Jésus est le Fils de Dieu. De la croix, il triomphe, toujours de nouveau.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ, à l’heure de ta mort, le soleil s’éclipsa. Sans cesse, tu es à nouveau cloué sur la croix. En cette heure de l’histoire précisément, nous vivons dans l’obscurité de Dieu. A cause de l’immense souffrance et de la méchanceté des hommes, le visage de Dieu, ton visage, apparaît obscurci, méconnaissable. Mais c’est justement sur la croix que tu t’es fait reconnaître. Précisément parce que tu es celui qui souffre et qui aime, tu es celui qui est élevé. C’est de là que tu as triomphé. En cette heure d’obscurité et de trouble, aide-nous à reconnaître ton visage. Aide-nous à croire en toi et à te suivre spécialement dans les heures d’obscurité et de détresse. En cette heure, montre-toi encore au monde. Fais que ton salut lui soit manifesté.

TREIZIÈME STATION
Jésus est descendu de la Croix et remis à sa Mère 

De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 54-55

Le centurion et ceux qui, avec lui gardaient Jésus, furent saisis d’une grande frayeur et dirent: «Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu!» Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance: elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir.

MÉDITATION

Jésus est mort, son coeur a été transpercé par la lance du soldat et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau: image mystérieuse du fleuve des sacrements du Baptême et de l’Eucharistie, par lesquels, à cause du coeur transpercé du Seigneur, l’Église renaît sans cesse. On ne lui a pas brisé les jambes, comme aux deux autres crucifiés; ainsi, il se manifeste comme l’agneau pascal véritable, dont aucun os ne doit être brisé (cf. Ex 12,46). Et maintenant qu’il a tout supporté, malgré tout le trouble qui agite les coeurs, malgré le pouvoir de la haine et des lâchetés, voici qu’il n’est pas demeuré seul. Il y a les fidèles. Auprès de la croix, il y avait aussi Marie, sa Mère, Marie soeur de sa Mère, Marie de Magdala et le disciple qu’il aimait. Et voici qu’arrive un homme riche, Joseph d’Arimathie: ce riche trouve le moyen de passer par le trou d’une aiguille, parce que Dieu lui en donne la grâce. Il ensevelit Jésus dans son tombeau neuf, dans un jardin: à l’endroit où Jésus est enseveli, le cimetière se transforme en un jardin, le jardin d’où Adam avait été chassé lorsqu’il s’était détaché de la plénitude de la vie, lorsqu’il s’était détaché de son Créateur. Le tombeau dans le jardin nous apprend que le pouvoir de la mort arrive à son terme. Voici que s’approche aussi un membre du Sanhédrin, Nicodème; celui à qui Jésus avait annoncé le mystère de la renaissance par l’eau et l’Esprit. Même au sein du Sanhédrin, qui avait décidé sa mort, il y a quelqu’un qui croit, quelqu’un qui connaît et qui reconnaît Jésus après sa mort. Au-delà de l’heure du grand deuil, des ténèbres épaisses et du désespoir, demeure cependant, mystérieusement, la lumière de l’espérance. Le Dieu caché est cependant le Dieu vivant et proche. Le Seigneur mort reste cependant le Seigneur et notre Sauveur, même dans la nuit de la mort. L’Église de Jésus Christ, sa nouvelle famille, commence à se former.

PRIÈRE

Seigneur, tu es descendu dans l’obscurité de la mort. Mais ton corps a été recueilli par de bonnes mains, il a été enveloppé dans un linceul immaculé (Mt 27, 59). La foi n’est pas complètement morte, le soleil n’est pas complètement obscurci. Comme il nous semble souvent que tu dors! Et comme nous pouvons facilement nous éloigner, nous les hommes, et nous dire à nous-mêmes: Dieu est mort. Permets que, à l’heure de l’obscurité, nous soyons capables de reconnaître que toi tu es là. Ne nous abandonne pas quand nous sommes tentés de perdre courage. Aide-nous à ne pas te laisser seul. Donne-nous une fidélité qui résiste au désarroi et un amour qui sache t’accueillir dans les moments de détresse extrême, comme le fit ta Mère, qui te reçut à nouveau entre ses bras. Aide-nous, aide les pauvres et les riches, les simples et les savants, à regarder au-delà des peurs et des préjugés. Rend-nous capables de t’offrir nos aptitudes, notre coeur, notre temps, pour préparer ainsi le jardin où peut advenir la résurrection.

QUATORZIÈME STATION
Jésus est mis au tombeau

De l’Évangile selon saint Matthieu 27,59-61

Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul neuf, et il le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Cependant Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.

MÉDITATION

Jésus, objet de mépris et d’outrages, est déposé, avec tous les honneurs, dans un tombeau neuf. Nicodème apporte cent livres d’un mélange de myrrhe et d’aloès, qui doit répandre un parfum précieux. Voici que dans l’offrande du Fils se manifeste, comme au moment de l’onction de Béthanie, une démesure qui nous rappelle l’amour généreux de Dieu, la «surabondance de son amour». Dieu s’offre généreusement lui-même. Si la mesure de Dieu est la surabondance, pour nous aussi rien ne devrait être trop, vis-à-vis de Dieu. C’est ce que Jésus lui-même nous a appris dans le discours sur la montagne (cf. Mt 5,20). Mais il faut aussi nous souvenir des paroles de saint Paul sur Dieu qui, «par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance [du Christ]. Car nous sommes bien … la bonne odeur du Christ» (2 Co 2, 14s). Au milieu de la décomposition des idéologies, notre foi devrait être à nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence à s’accomplir la parole de Jésus: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12,24). Jésus est le grain de blé qui meurt. A partir du grain de blé mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde: c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanité tout entière et de lui donner la nourriture de manière surabondante: par la croix et la résurrection, le Verbe éternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de Jésus, resplendit le mystère de l’Eucharistie.

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ, par ta mise au tombeau, tu as fais tienne la mort du grain de blé, tu es devenu le grain de blé mort qui donne beaucoup de fruit tout au long des temps, jusqu’à l’éternité. Du tombeau, resplendit pour tous les temps la promesse du grain de blé, d’où provient la manne véritable, le pain de vie par lequel tu t’offres toi-même à nous. Par l’Incarnation et la mort, la Parole éternelle est devenue la Parole proche: tu te mets entre nos mains et dans nos coeurs pour que ta Parole croisse en nous et donne du fruit. Tu te donnes toi-même à travers la mort du grain de blé, pour que, à notre tour, nous ayons le courage de perdre notre vie pour la trouver et que, nous aussi, nous ayons confiance en la promesse du grain de blé. Aide-nous à aimer toujours davantage ton mystère eucharistique et à le vénérer, à vivre vraiment de Toi, Pain du ciel. Aide-nous à devenir ta «bonne odeur», à rendre perceptibles les traces de ta vie en ce monde. De même que le grain de blé se relève de terre, forme une tige puis un épi, de même, tu ne pouvais rester dans le tombeau: le tombeau est vide, parce que lui – le Père – ne t’a pas «abandonné à la mort, et ta chair n’a pas connu la corruption» (cf. Ac 2,31; Ps 15, 10 LXX). Non, tu n’as pas connu la corruption. Tu es ressuscité et, à la chair transformée, tu as ouvert un espace dans le coeur de Dieu. Fais que nous puissions nous réjouir de cette espérance et que nous puissions la porter joyeusement au monde, fais de nous des témoins de ta résurrection.

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