Feuille Paroissiale n°21 – Du samedi 20 au dimanche 28 mai

Nous avons vu la semaine dernière que bien que la Pentecôte soit un événement unique, elle est suivie de multiples “petites Pentecôtes” ou “effusions de l’Esprit”. Je voudrais aujourd’hui voir avec vous 4 raisons pour lesquelles nous avons besoin d’une nouvelle effusion de l’Esprit.

1) L’expansion spatio-temporelle du don de l’Esprit : tout est donné dès la Pentecôte, mais tout s’accomplira avec le temps. Ce ne sont que “des juifs pieux venus de toutes les nations” qui reçoivent l’Esprit le jour de Pentecôte. Il se répand ensuite jusque sur les Samaritains (Ac 8), puis sur tout le monde païen. La source qui a jailli avec puissance à Jérusalem se répand peu à peu pour devenir le fleuve atteignant tout être humain, “jusqu’aux extrémités de la terre” et “jusqu’à ce que le Seigneur vienne”. De manière habituelle, cela se fait par les sacrements du baptême et de la confirmation.

2) L’adaptation du don à une communauté ou une personne particulière et à un moment de son histoire. Ainsi en Ac 4, quand la communauté connaît la première persécution de la part des grands-prêtre qui leur interdirent de parler, “quand ils eurent fini de prier, le lieu où ils étaient réunis se mit à trembler, ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils disaient la parole de Dieu avec assurance”. Les effusions successives de l’Esprit élargissent peu à peu le cœur des disciples aux dimensions du Cœur de Dieu. Pierre aura besoin d’une triple vision pour que se brisent ses préjugés et qu’il comprenne qu’il lui faut baptiser aussi les païens.

3) Le réveil d’une communauté qui a oublié ou a été infidèle. L’Esprit Saint a été ces derniers siècles le grand oublié de la Sainte Trinité. Au point que peu à peu nous avons cru pouvoir mener notre vie chrétienne sans lui. Le Renouveau des cinquante dernières années est un renouveau dans lequel Dieu, et non pas l’homme, est l’artisan principal. “C’est Moi, et pas toi”, dit Dieu, “qui fais toutes choses nouvelles” (Ap 21,5) ; “Mon Esprit – et Lui seulement – peut renouveler la face de la terre ” (voir Ps 104,30). Habituellement, nous avons tendance à voir les choses selon une perspective prométhéenne : au départ, il y a notre effort – organisation, efficacité, réformes, bonne volonté – avec la terre, comme le centre que Dieu vient renforcer et couronner par Sa grâce. Notre œuvre est au centre. Nous devons changer totalement de perspective, et redire simplement que, sans le Saint Esprit, nous ne pouvons rien faire, pas même dire que Jésus est Seigneur (1 Co 12,3).

4) Réactiver les sacrements du baptême et de la confirmation quand ils ont été entravés. Entravés, c’est-à-dire empêchés de porter leur fruit. L’image de la chaudière peut nous aider à comprendre. Par le baptême, la veilleuse a été allumée : l’Esprit Saint est en nous, et par lui nous sommes réellement et définitivement devenus enfants de Dieu. Mais cette vie filiale demande à se déployer. Pour cela il va falloir appuyer sur le bouton “on”. Alors l’Esprit va brûler en nous, nous embraser de l’intérieur et notre vie va rayonner la chaleur de l’Amour divin. Pour l’instant, beaucoup de chrétiens ont vécu le sacrement du baptême, et même de la confirmation, sans être vraiment conscients de la grâce reçue. Combien d’enfants ont été baptisés sans être ensuite catéchisés ! Combien de jeunes âmes sont étouffées par le matérialisme ambiant ! Et nous-mêmes ? Nous avons alors besoin d’une nouvelle effusion, que les anglophones appellent ici “baptême dans l’Esprit”, qui authentifie et revitalise notre Baptême. Alors un sacrement qui a été reçu longtemps avant, habituellement immédiatement après notre naissance, peut soudainement revenir à la vie et déployer une puissante énergie.

Les effusions de l’Esprit Saint sont loin d’être limitées au contexte du Renouveau charismatique (heureusement !). Le conseil de saint Paul à Timothée est valable pour tous, et en bien des circonstances différentes « Je t’invite à raviver le don spirituel que Dieu a déposé en toi par l’imposition de mes mains » (2 Tm 1,6).