Feuille Paroissiale n°38 – Année 2021

« Qui est le plus grand ? » Cette préoccupation est sans doute aussi la nôtre, parfois cachée de manière subtile dans nos inquiétudes ou nos motifs d’action. C’est que nous avons tous soif d’être reconnus, d’être admirés, d’être valorisés pour ce que nous sommes et faisons de bien…

Oui, il ne faut pas être dupe sur nous-même, nous sommes tous travaillés par cette question. Cela interroge nos échelles de valeur : qu’est-ce qui est grand pour nous ? Qu’est-ce qui est le plus important, le plus essentiel dans notre vie ? C’est à chacun, bien sûr, d’y répondre dans le secret de son cœur.

Mais ce qui est le plus intéressant, c’est de confronter nos réponses à la réponse de Jésus. Que dit-il ? Que répond-il ? Sa réponse d’abord, c’est de changer le contenu de la question : non pas le plus grand mais le premier. Non pas de l’ordre du quantitatif : le plus grand, mais de l’ordre de ce qui est prioritaire, le premier. Le premier pour Lui, c’est le dernier, le serviteur, l’enfant.

            Il nous faut saisir la conversion que Jésus instaure par cette réponse en se rappelant qu’il va ainsi à contre-courant de la mentalité de notre humanité blessée par l’orgueil et par l’égoïsme. Et pour en saisir toute la portée, il faut nous aussi regarder le Christ. Ce qu’il dit, c’est ce qu’il fait ! Ce qu’il dit c’est ce qu’il vit : Jésus sera le dernier des derniers sur la Croix ; Il se définit comme celui qui sert ; Il s’est fait enfant dans son Incarnation. C’est sa manière à Lui d’être premier. C’est son choix, son ambition. Car il s’agit bien d’être premier mais à la manière du Christ.

            Contemplons donc Jésus : le dernier, le serviteur, l’enfant. Contemplons Dieu ainsi ! Car regarder Jésus, c’est regarder l’image de Dieu, l’icône de son visage. Entrons dans l’étonnement de la conversion que Jésus introduit ainsi dans l’image que nous nous faisons de Dieu : Dieu qui prend la place du dernier pour lui rendre toute sa dignité ; Dieu manifeste tout son amour en se faisant serviteur ; Dieu se fait confiant, abandonné comme un enfant.

            C’est ce que nous célébrons et contemplons à chaque eucharistie : Dieu s’abaisse, il vient jusqu’à nous, il se fait tout petit, serviteur, enfant pour établir en nous sa demeure. Entendons ce désir qu’il a d’être reçu par chacun de nous, et accueillons-le.

            Que l’eucharistie que nous célébrons chaque dimanche nous aide à être à notre tour des serviteurs et à mettre les plus petits, les plus fragiles, les plus méprisés, ceux qui ont le plus besoin d’être reconnus, « au milieu » de nous. Les petits ne sont pas à chercher bien loin ! Ils nous entourent, c’est ceux pour qui nous n’avons pas d’attention. Peut-être pouvons-nous demander au Seigneur la grâce cette semaine d’avoir envers eux un geste d’accueil au nom de Jésus ? Cela peut se vivre déjà en sortant de la messe en allant rendre un service ?…

Alors nous serons comme Jésus, serviteurs et donc vraiment grands aux yeux de Dieu. C’est cela que Jésus veut que nous vivions au sein de notre communauté.