Feuille Paroissiale n°6 – du samedi 5 au dimanche 12 février 2022

La démarche synodale initiée par le Pape François nous invite à plonger dans les fondements bibliques de la démarche avec celui que nous appelons « notre père dans la foi » : Abraham.

Pendant ces trois semaines, je vous invite à suivre la figure d’Abraham. Occupant les chapitres 12 à 24 du livre de la Genèse, cette figure très célèbre de la Bible demeure toutefois assez méconnue : peu prennent le temps de lire ces beaux passages. Partant de l’appel d’Abram, nous parcourrons brièvement son parcours spirituel en passant par son alliance avec Dieu et nous découvrirons un peu mieux avec la ligature de son fils Isaac ce que signifie : « marcher ensemble ».

En Genèse 12, une parole de Dieu surgit de nulle part, un peu comme lors de la création du monde en Genèse 1,3. Elle dit en hébreux « Va pour toi hors de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir ». Abram est appelé à tout quitter pour se trouver lui-même. Cette marche qu’il initie est une démarche spirituelle et le pays physique qu’il recherche cache en réalité le véritable pays vers lequel Dieu le conduit, et qui, lui, est spirituel : il lui faut marcher vers sa terre intérieure où il rencontrera le Très Haut.

Mais à ce stade du récit, Abram en est encore loin. Auparavant, il va lui falloir apprendre à côtoyer Dieu, et plus difficile encore, à se découvrir dans la véritable humanité : celle du pécheur que l’on veut se cacher et que Dieu veut relever.

Dieu lui donne le bâton qui le guidera dans cette longue marche : la bénédiction.

Fondamentalement, bénir signifie en hébreux : « reconnaître l’œuvre de Dieu ». Dieu lui dit alors : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »

Sans rentrer dans les détails, nous voyons que l’élément principal de ce passage est la bénédiction de Dieu offerte à Abram et qui débordera à partir de lui sur « toutes les familles de la terre ». Or, comment comprendre cette bénédiction ? C’est tout l’enjeu du début du parcours d’Abram…

En français comme en hébreux, il est possible de comprendre différemment le « Sois bénédiction ». Est-ce une sorte de charisme que Dieu donne, et qui permettrait à Abram d’être une sorte de bénédiction incarnée qui lui permettrait de rendre saint tout ce qu’il touche ? Où est-ce un impératif, une supplication de Dieu qui signifierait : « soit une bénédiction par tes gestes et tes paroles pour ceux qui t’entourent » ? Il est difficile de trancher.

Abram, dans les chapitres suivants, prend la première option et imagine qu’il va être une bénédiction pour tous ceux qu’il rencontrera. Mal lui en prendra :  une famine se déclenche dans le pays où il se rend, tout le pays d’Égypte est accablé d’un mal à cause d’une faute de sa part, et ses bergers se disputent avec ceux de son neveu à propos des puits. Non, décidément, Abram apprend à ses dépens, et c’est là le premier enseignement, qu’il n’est pas une sorte de bénédiction incarnée.

Ce passage biblique nous apprend, à nous aussi, que se mettre en marche pour suivre Dieu commence par apprendre que nous ne sommes pas des « sauveurs » pour ceux vers qui nous allons, même avec la bénédiction de Dieu sur nous.