Feuille Paroissiale n°10 – Du samedi 5 au dimanche 13 Mars

Saint Luc nous révèle comment Jésus a été tenté et n’a pas cédé à la tentation. Il utilise pour Jésus une expression qui lui est propre : « être rempli d’Esprit Saint ». L’Esprit Saint intervient au tout début du récit de la tentation de Jésus, et juste après lorsque St Luc nous dira que « Jésus retourna en Galilée avec la puissance de l’Esprit » (Luc 4,14). Tout l’épisode est donc inclus entre ces deux mentions de l’Esprit : Jésus a affronté l’adversaire dans ce mystère de communion avec le Père, et c’est grâce à la puissance de l’Esprit qu’il a pu résister aux attaques de l’ennemi pour finalement le vaincre.       

            Baptisés à la suite de Jésus, le Père a envoyé sur chacun d’entre nous ce même Esprit Saint. Par cet Esprit, Jésus demeure en nous et nous en lui. Et face aux tentations de toutes sortes, grâce à cet Esprit nous le laissons vaincre en nous. Cette victoire, le Père la veut, le Fils la veut (Jean 17,15), et il n’a pas hésité à vivre toutes les souffrances de sa Passion pour « jeter dehors le Prince de ce monde ». Mais comme Dieu ne s’impose jamais, il veut que librement nous lui demandions et nous le laissions agir en nous par le jeûne, l’aumône et la prière.

            Jésus va donc au désert revivre pendant quarante jours une situation semblable à Israël qui, après sa sortie d’Egypte, a marché quarante ans au désert. Il est ainsi le nouveau Moïse. Mais là où Israël a échoué par sa désobéissance, tout comme Adam, Jésus, Lui, « le Nouvel Adam », va réussir pour entraîner ensuite dans sa victoire tous les fils d’Adam que nous sommes…

            Les trois tentations du Christ reprennent ainsi les trois épisodes de la sortie d’Égypte tirés du discours de Moïse dans le livre du Deutéronome :
1) « L’homme ne vit pas seulement de pain » (Deut. 8,3) fait allusion à la Manne donnée par Dieu à Moïse et à son peuple dans le désert,
2) « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (Deut. 6,16) est la réponse de Moïse à la révolte des Hébreux qui exigeaient de Dieu un miracle pour ne pas mourir de soif dans le désert,
3) « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte » (Deut. 6,13) est une mise en garde de Moïse au peuple tenté par l’idolâtrie.
            Ces trois grands types de tentations sont pour ainsi dire trois facettes de l’orgueil :

• l’orgueil de la chair,
• l’orgueil des richesses et du pouvoir,
• l’orgueil de l’esprit humain qui se prend pour source de lui-même.

            Pour lutter contre ces trois formes d’orgueil, nous avons les trois conseils évangéliques (repris dans les trois vœux de la vie religieuse) :

• avec la chasteté, renoncer à avoir une emprise sur l’autre, y compris par le côté affectif
• avec la pauvreté, renoncer au pouvoir et aux richesse qui vont avec
• avec l’obéissance, accepter de dépendre de quelqu’un, dans la confiance.

            Le chemin proposé pour le Carême répond aussi aux trois formes de tentation par tout moyen traditionnel pour laisser l’Esprit du Christ vaincre en nous :

• le jeûne face à l’orgueil de la chair,
• l’aumône face à l’orgueil des richesses,
• la prière face à l’orgueil de l’esprit

            Le jeûne, l’aumône et la prière sont donc là vraiment pour nous aider à faire de la place à l’Esprit Saint en nous. Le jeûne de nourriture creuse en nous un espace pour laisser l’espace à la Parole de Dieu, l’aumône laisse la charité du Christ agir en nous et la prière nous recentre en Dieu.                 

            Ainsi la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise nous guident par tous ces moyens pour lutter contre les tentations et traverser le désert avec Jésus et laisser sa victoire nous habiter.