Feuille Paroissiale n°8 – du samedi 19 au dimanche 27 Février –

 Le sommet de la marche d’Abraham se trouve au chapitre 22 de la Genèse. Dieu y éprouve Abraham sur sa manière d’écouter et d’interpréter la Parole Divine. Après tout, n’est-ce pas le cœur de la relation que nous entretenons avec le Très-Haut : se mettre à l’écouter et entrer dans le sens profond de la Parole de Dieu.

Dieu s’adresse à Abraham et lui demande (texte traduit de l’hébreux) : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Morriyya, et là tu monteras ton fils en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai. »

Cette dernière parole est énigmatique, et laisse Abraham dans la perplexité. Que lui demande Dieu ? De monter sur la montagne avec son Fils pour y offrir un sacrifice ? Où d’offrir son fils en sacrifice sur la montagne ?

Pendant trois jours, Abraham est plus qu’indécis. Il choisit en définitive de prendre l’option la plus difficile, celle qui suppose qu’il a une grande confiance en Dieu. En effet, Dieu lui a promis une descendance ; alors, comme le dira St Paul bien plus tard, Abraham a eu foi dans le fait que Dieu était capable de ressusciter son fils après l’avoir sacrifié (cf. Hébreux 11, 19). Cette lecture est une interprétation qui était présente dans les synagogues du temps de Jésus, signe de la Foi forte qu’avaient les juifs en la résurrection des morts.

Malgré tout, Abraham reste ouvert à la Parole de Dieu, il ne s’enferme pas dans une interprétation de la Parole entendue et laisse à Dieu le soin de lui indiquer le bon chemin. C’est ce qu’il manifeste lorsqu’il monte sur la montagne avec son fils Isaac et que celui-ci lui demande : « où est l’agneau pour le sacrifice ? ». « Dieu pourvoira à l’agneau mon fils » lui répond son père. Abraham a une idée de qui sera l’agneau, Isaac, mais laisse à Dieu le soin définitif d’en décider.

Il faut noter la grande foi qu’Isaac avait également. D’après le texte biblique, ce n’était plus un enfant, mais un homme d’une trentaine d’années qui marchait avec un vieillard presque centenaire. Isaac est dans la pleine force de l’âge et s’il avait voulu échapper à Abraham, il aurait pu le faire. Mais lui aussi a une grande foi dans le Seigneur et se laisse ligoter par son père pour être immolé sur l’autel.

C’est alors qu’un ange apparait et dit à Abraham : « N’étends pas la main sur l’enfant ». Cette phrase a un double sens ; car au fond, il y a deux façons de tuer son enfant : abattre le couteau sur lui… mais aussi avoir une mainmise sur lui, chercher à diriger sa vie jusqu’à l’étouffer…

Et Abraham voit alors un bouc qu’il est appelé à sacrifier à la place de son Fils. Le bouc, c’est la figure du père, et Abraham y comprend que c’était sa volonté de paternité toute puissante qu’il devait offrir à Dieu.

Accepter de se laisser guider par Dieu et que tout ne soit pas comme on le souhaiterai, cela nous demande, à nous aussi, de sacrifier devant le Très-Haut la toute-puissance de notre volonté… et d’avancer en toute confiance avec Dieu, en restant toujours ouvert à une parole de vie qu’il cherche à déposer au fond de mon cœur pour que je ne sois pas pour moi-même et pour les autres un lieu de mort.

En définitive, c’est cela marcher ensemble : vouloir écouter Dieu afin de générer toujours plus de vie autour de moi, surtout là où je serai le premier à y déposer la mort.