Feuille Paroissiale n°51- du samedi 18 au dimanche 25 décembre –

On nomme l’Avent le temps du silence. Beaucoup, pourtant, le vive plutôt comme celui du bruit, de l’agitation et même de la frénésie des « fêtes de fins d’année ». Or c’est bien au silence que nous invite particulièrement les évangiles de la messe quotidienne de cette dernière semaine de l’Avent.

Déjà ce dimanche, au premier chapitre de l’Évangile selon Saint Matthieu, nous apprenons que c’est en secret, en songe, dans le silence de la nuit, qu’est révélé à Joseph le mystère que porte Marie : « l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint… c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».

Puis, de lundi à samedi, nous lirons en continue les annonces de la naissance de Jésus en Saint Luc. Nous entendrons d’abord l’annonce à Zacharie de la naissance d’un fils, Jean-Baptiste, qui aura pour mission de « préparer au Seigneur un peuple bien disposé ». Mais ayant douté de cette parole, Zacharie sort du Temple de Jérusalem muet, « réduit au silence ». Il ne retrouvera la parole que lorsque les paroles de l’ange seront accomplies…

Au sixième mois d’Elisabeth, c’est dans l’intimité de la maison de Nazareth qu’apparaît l’ange Gabriel à Marie. Celle-ci se fait tout accueil au mystère qui la dépasse : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ». Et c’est à l’ombre de l’Esprit Saint qu’est conçu en Marie le Fils du Très-Haut.

Aussitôt Marie rend visite à sa cousine Elisabeth. Et dans une communication silencieuse, l’enfant porté par Elisabeth reconnaît la présence du Sauveur en Marie et tressaille d’allégresse. Alors Elisabeth, animée par l’Esprit Saint, « s’écrie d’une voix forte » : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie, « l’humble servante » exulte alors et chante celui qui « élève les humbles ».

Un fils étant né à Zacharie, celui-ci lui donne le nom que l’ange lui avait révélé : Jean. La parole de l’ange étant ainsi accomplie, « à l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu ». « Rempli d’Esprit Saint », Zacharie bénit le Seigneur Dieu, comprenant que ce qu’il « avait dit par la bouche des saints, des prophètes depuis les temps anciens » est en train de s’accomplir : « il a fait surgir la force qui nous sauve ».

Jour après jour, les lectures des évangiles nous auront conduit sur un chemin de dépossession, de foi et d’humilité, nous préparant à l’accueil d’un mystère ineffable. C’est au plus intime du silence, la parole humaine s’étant tue, que se produit la naissance de la Parole faite chair, ainsi qu’il était annoncé dans le Livre de la Sagesse :

« Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses, et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, la Parole, toute puissante, s’élança du trône royal. » (Sagesse, 18, 14-15)

En cette dernière semaine avant Noël, imitons l’humilité de Marie et demandons-lui une grâce de silence, qui nous rendra capable d’accueillir dans la foi la Parole faite chair.  Alors l’Esprit Saint viendra en nous, comme autrefois en Marie, Elisabeth et Zacharie ; il ouvrira notre bouche et nous exulterons : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ».